J’explique, et vous me pardonnerez si ça semble décousu mais j’écris ma pensée comme elle me vient. Alors dans les comportements de tous les jours les Japonais sont parfois étranges. Parfois je me dis qu’ils sont tellement nombreux qu’ils perdent le sens de la vie en société. Pas tant qu’ils sont grossier, d’ailleurs c’est ‘inverse, ou qu’ils sont méchants. Mais ils semblent souvent, et je pèse mes mots, simplement se calisser de tout ce qui se passe. Un exemple simple est le métro le matin ou pendant les heures de pointes. Quand vous voyez un wagon plein mais que vous avez besoin d’une place, personne vas se tasser. Vous devez pousser le plus fort que vous pouvez pour entrer parce que si vous ne le faites pas vous allez en manqué beaucoup des trains. Pareille pour sortir d’un wagon. Vous poussez encore pour sortir, tant pis si vous faites sortir des personnes avec vous qui ne veulent pas ce n’est pas votre problème mais le leur. Et je vais immédiatement neutraliser la carte du racisme ici. Parce que pour les étrangers c’est en fait plus facile d’entré et sortir, mais tout de même il faut jouer des épaules. Entre eux les japonais ne se donnent aucune chance. Vous voyez les bancs réservés aux handicapés, vieillards et femmes enceinte dans le fond du wagon. Espéré même pas vous y rendre si vous n’êtes pas capable de vous faire une place seule. Si vous êtes chanceux un ami vous aide. Si vous êtes seul oubliez immédiatement l’idée. Ça l’air malin comme ça non? Ce l’est et j’ai vu pire.
Hier matin, je suis dans le métro j’écoute ma musique et pas loin de moi il y a une femme et sa fillette de 8 ans, plus ou moins. Arrête à la station Kayabachô, qui est une des plus grosses sur ma ligne. La porte ouvre et les gens se mettent à pousser pour sortir… Est-ce que vous me voyez venir? En ce moment, est-ce que vous vous dites que je vais vraiment dire ce que vous pensez? La fillette de huit ans se fait emporter par le vague, elle essai d’agripper la main de sa mère, mais ne réussit pas. Elle se retrouve à l’extérieur du wagon. À ce moment, la mère essai de passé pour aller rejoindre sa fille, mais les gens ont commencé à entré dans le wagon ce qui veut dire qu’elle n’est pas capable d’avancer et la fillette n’arrive pas à monter parce qu’elle n’est pas assez forte pour pousser les gens et on est tellement coincé qu’elle ne peut pas se faufiler entre les gens non plus. Étant sur le bord de la porte il a fallut que je pousse les deux gars devant moi dans la porte pour qu’ils la bloquent. Et sans compté les airs enragé qui m’ont salué, il a fallut en plus que je pousse dans l’autre sens pour réussir à la fillette de monter dans le wagon pour rejoindre sa mère.
Sur le coup je dois admettre que j’ai pas réalisé. Je veux dire ça ma semblé naturelle. J’ai dans mes principes de ne jamais séparé une personne de son enfant. Si je marche dans la rue, jamais je vais passer entre une mère et son enfant, jamais, jamais. Mais à fur à mesure que le métro avançait la colère m’a monté à la tête parce que j’ai finit par réaliser que ses connards auraient rien fait pour aider. Ils auraient laissé la porte se fermer et laisser la fillette sur la plateforme. Oui je suis d’accord Tokyo est vraiment pas dangereux. Quelqu’un qui se sent menacé ici est simplement paranoïaque. Il est courant de voir des enfants seuls dans le métro. Mais bordel! Elle n’était pas seule la fillette et sa mère voulait la rejoindre. Pourquoi qu’on peut être con au point de penser que c’est plus important de s’écraser par centaine dans un wagon plutôt que d’aider une mère à rejoindre sa fille. Ça me dépasse complètement. Bande de cochon merdique.
Je suis finalement sorti en poussant les types devant en espérant qu’ils allaient peut-être tomber entre la plateforme et le wagon. Ça pas marché, mais vous pouvez être sur qu’ils savent c’est quoi un coup d’épaule maintenant.
Et ça c’est l’essence même des Japonais. Si quelqu’un cri à l’aide il y a peu de chance que vous ayez une réaction. Tokyo est impersonnelle, infidèle, sinueuse, immense et sans recours. Et je dois admettre que ça fait déjà une semaine ou deux que je cherche c’est quoi qui déconne avec les gens ici. Et je crois avoir eu une partie de l’explication ce matin.
En classe nous voyons cette semaine toute la grammaire pour dire qu’on a donné un cadeau ou pour dire qu’on a reçu un cadeau. C’est un peu débile je dois admettre mais en fait le point fort de l’exercice c’est que ça nous fais mieux comprendre comment fonctionnent les particules de possessions et les particules de démonstration. Je ne m’attarderai pas-la-dessus maintenant, beaucoup trop long à expliquer. Par contre pour expliquer ce que je veux dire je vais faire deux phrases. Utilisant moi et Julien comme sujet :
1-« watashi wa Julien-san ni hamaki o agemasu. »
Cette phrase veut dire que j’ai donné des cigares à Julien. « Watashi » veut dire « moi », « hamaki » veut dire « cigare » et « agemasu » est le verbe « donner ». Je n’expliquerai pas les particules « wa, ni et o » trop de trouble.
2-« Julien-san wa watashi ni hamaki o moraimasu. »
Celle-ci veut dire que Julien à reçu des cigares de ma part. « Moraimasu » veut dire « recevoir. »
3-« watashi wa Olivier-san ni hamaki o kuremasu. »
Celle-là veut dire: J’ai reçu des cigares d’Olivier. « Kuremasu » veut aussi dire « recevoir. »
C’est étrange certes, alors on demande à Araki-sensei pourquoi on change de mot pour dire j’ai reçu et il a reçu. Et elle répond : « Japanese way. » Kossé?
L’explication est un peu étrange. En fait, les Japonais, quand ils parlent effectuent automatique une séparation entre ce qui appartient à un et à l’autre. Donc lorsque je parle à quelqu’un mon vocabulaire est différent pour mon côté et différent pour le côté de l’autre. Par exemple : Si je parle de ma mère je vais dire « ha-ha », si je parle de la mère de quelqu’un d’autre c’est « oka-san. » Mon père c’est « chi-chi » le père d’un ami est « oto-san. » Mon grand-père, le père de mon père, est « so-fu », mais le grand-père d’un ami est « ojii-san. » Séparation de l’autre. Toujours. Si je m’adresse à mon père je vais l’appeler « oto-san » parce quand je lui parle il est d’un côté qui est pas le mien. Pour mon père, son père est « chi-chi » mais pour moi il devient « ojii-san. » Les japonais sont toujours en séparation de la personne avec qui ils parlent. Toujours, toujours. Alors quand je reçois je dis « kuremasu » et quand je dis que quelqu’un d’autre à reçu je dis « moraimasu. »
Et bizarrement à fur et à mesure qu’Araki-sensei m’explique tout ça je deviens de plus en plus austère et je me renfrogne un peu. Je pense encore à la fillette de la journée d’avant et j’essais de voir quoi commence où. Je veux comprendre qu’est-ce qui déconne avec les japonais. Araki-sensei termine son explication et me demande si j’ai compris. Je dis que oui et elle me redemande parce que j’ai un air bizarre sur le visage. Je répète que oui. Mais dans le fond je cherche profondément à comprendre pourquoi cette dissociation? Je sais très bien que si je demande à mon sensei, elle va me répondre parce que c’Est comme ça que font les Japonais. Mais ce n’est pas satisfaisant. Et je me demande quoi à commencer quoi? Est-ce que la séparation dans le langage à créer une dissociation avec les personnes en général? Ou est-ce que la dissociation existait déjà et ils l’ont juste interprété dans la manière de parler?
Vous vous dites peut-être que je cherche trop loin? Voyez l’écriture katakana. L’écriture de base est l’hiragana. Sans hiragana on ne peut rien lire. Ça nous dit tout. Le katakana est en fais une forme différente d’écrire l’hiragana. Les mêmes sons mais des symboles différents. Et voyez un peu, le katakana sert à écrire les mots et nom étranger. Vous ne verrez que rarement le katakana pour du japonais originales. Le katakana sert pour les mots de langues étrangères. Et en plus non seulement les symboles sont différents mais leurs dynamique change aussi. L’hiragana est fluide, doux et glisse bien dans son écriture. Le katakana est uniquement fait de pointe, de forme carré, raide et cassé. Et je suis persuadé que le katakana c’est créer plus tard dans l’histoire de la littérature japonais. Les Japonais ont sentis le besoin de faire la différence, même à l’écrit, de ce qui n’est pas japonais d’origine. Dans les langues que je connais, les mots sont simplement adaptés à l’écrit. Nous avons pas une forme différente d’écriture pour les mos japonais, anglais, allemand ou chinois.
Certaine personnes m’ont dit que le katakana c’est créer parce qu’il y a beaucoup de prononciation que les japonais en pas. Comme le « V », par exemple. Alors le katakana permettrais d’écrire c’est sons. Mais, pour moi, ça marche pas. Parce que le katakana à les même sons que l’hiragana. Ce qui veut dire qu’ils ont été obligés, même en katakana, de créer de nouveau regroupement de syllabe pour réussir à prononcer un mot étranger. Quelque chose qu’ils auraient très bien pu faire avec l’hiragana.
Peut-être que je divague, peut-être que c’est de la frustration, peut-être que je suis sous l’influence de vapeur toxique quelconque, mais je découvre que les japonais ressentent le besoin de ne pas être identifier à l’autre. Tout est organisé pour mettre en évidence les différences. Je me sépare de la personne que je parle par un vocabulaire différent et je me sépare des langues étrangères par une forme d’écriture différente. Et je dis que ce genre de pensé explique en partie le comportement du métro. Explique pourquoi que la réponse moyenne à une question est « je sais pas. » Explique pourquoi la jeunesse est pas plus ouverte que la vieillesse à l’extérieur. Pourquoi que les japonais préfèrent vivre concentré sur trois mètre carré plutôt que d voir ailleurs. Ils sont excluent du monde parce qu’ils ont un pays insulaire et s’excluent eux-mêmes du monde en essayant simplement de grossir leur ile plutôt que de profiter de l’occasion pour connaître le voisin. Le choc culturelle avec le Japon n’est pas énorme, beaucoup plus doux que si j’irais en Arabie saoudite ou en Corée par exemple. Mais apparemment, ils sentent le besoin de rester sur leurs iles et de rester sur leurs ilots personnels de vie privée.
Je ne sais pas vraiment où me placer là-dedans. Julien non plus d’ailleurs et beaucoup d’autres étudiants qui remarquent les mêmes choses. Nous ne sommes pas une menace, mais nous ne sommes pas bienvenues. Lorsque les japonais s’adressent à d’autres japonais les rencontres sont tellement emprunt de cérémonie, politesse et bienséance qu’on se demande s’ils sont vraiment capables de dire ce qu’ils pensent. Je me demande parfois que serait le résultat si je demandais à Aika sa pensé réel sur un sujet ou un autre. J’ai souvent l’impression que j’aurais beaucoup de simili-excuse, de quasi explication, de moitié de pensé et quart de réalité. Mais rien de directe et de claire.
Bref, rien qui me permettrait de m’identifier en fait. Toujours la séparation. Dans la façon de parler, dans la façon d’écrire et dans les façons d’accepter ou refuser une invitation, de vouloir s’excuser ou, même, de vouloir aider. Toujours, toujours, se séparé de la personne face à soi.
J’arrête là. Je me sens tranquillement frustré et j’ai encore beaucoup sur le cœur la fillette dans le métro. J’arrête pas de me dire que si je revois les types qui étaient face à la porte et qui n’ont rien fait je vais les démolir et les lancer devant le métro. Alors je crois que je ais aller faire une promenade autour de l’appartement voir un peu et me calmer.
Comme j’ai dit je ne crois pas avoir une réponse, mais simplement une partie de l’explication. Il me reste beaucoup à voir, découvrir et comprendre. Je souhaiterais vraiment pouvoir rester plus longtemps, mais je n’ai pas l’argent pour ça. Mais au rythme que les choses vont, autant avertir immédiatement, il y a de forte chance que je me retrouve ici encore une fois l’été prochain.
A+